Le Centre Segal présentait mercredi et jeudi passés les courts métrages de l’artiste multidisciplinaire Janie Geiser. Divisés en deux blocs composés de courts-métrages expérimentaux présentaient un survol du travail d’une cinéaste unique en son genre.
Connue d’abord pour son travail en temps qu’artiste de performance, notamment pour ses spectacles de marionnettes, Janie Geiser entretient à travers ses œuvres un lien particulier avec les objets inanimés. Par l’entremise de sa caméra, elle réussit d’une manière aussi sensible que mystérieuse à donner une voix et une vie à des objets anodins, souvent laissés dans l’oubli.
Le traitement cinématographique des œuvres de Janie Geiser est remarquable. Travaillant avec différentes techniques d’animation et de superposition d’images, elle parvient à apporter à l’aspect visuel de son travail une grande profondeur. Sans jamais tomber dans la vulgarité de l’artifice, la cinéaste expérimente et utilise l’image avec finesse et subtilité. Les objets qui nous sont présentés semblent curieusement porteurs de sentiments et d’histoires, alors que, les humains, constamment voilés par un écran de télévision ou par une autre image, nous paraissent distants, presque figés et ironiquement inanimés.
L’utilisation du son est subtile et variée. Sans jamais prendre trop de place, l’ambiance sonore vient enrober les images d’un filtre mystérieux, voire inquiétant. On y entend parfois des voix, souvent étouffées, d’autres fois un piano en écho. Bien nuancés, la musique et le son ne sont jamais que décoratifs ou superflus.
Au final, le travail de Janie Geiser est un cinéma singulier empreint de nostalgie, de sensibilité et d’humanité qui semble vouloir nous pousser à chercher la vie là où n’y en a pas.
Vous pouvez visionner un des films de Janie Geiser, Ghost Algebra, qui est disponible sur YouTube (ici).
Site officiel : http://www.janiegeiser.com/
Article par Mathieu Rolland. Centipède urbain qui se questionne actuellement sur l’aspect inéluctable de l’échec à travers l’archétype du voyou.