La complexité des relations amoureuses à l’ère des réseaux sociaux a poussé Falk Richter et Mireille Camier des productions Quitte ou Double à lancer une hypothèse des plus farfelues pour expliquer ce phénomène avec leur nouvelle pièce Ivresse. Présentée au théâtre La Chapelle, la pièce emmène le spectateur au centre de la problématique, littéralement.
Un accueil inattendu est réservé à ceux qui pénètrent le théâtre. Une invitation à se déchausser et à laisser tous ses effets personnels de côté pour aller s’assoir dans un des quatre cercles formés de chaises au sein desquels gravitent déjà les comédiens de la pièce.
L’interaction est immédiate. Les comédiens discutent, habillent et impliquent les spectateurs dans leur jeu des plus crédibles. La mise en scène par Mireille Camier évolue dans un espace composé de quatre cercles de chaises, où se relaient les acteurs. Les cinq comédiens arborent d’ailleurs tous des personnalités bien distinctes, sans pour autant tomber dans le jeu des personnages de théâtre, gardant souvent leur propre nom.
Des mises en situation farfelues et incroyablement bien interprétées font réfléchir l’auditoire à la réalité de l’amour à travers les réseaux sociaux et les médias actuels. Comment Facebook change-t-il notre perspective de l’amour ? Qu’est-ce qu’une preuve d’amour ? La pièce essaie de répondre à ces questions en présentant à multiples reprises les enjeux entourant différents aspects des réseaux sociaux.
« Pourquoi tu likes pas ma photo ? Pourquoi tu ne te mets pas en couple avec moi sur Facebook ? Pourquoi à chaque fois que j’entre dans ta chambre, tu fermes ton ordinateur ? Pourquoi ? Qu’est-ce que tu cherches ? »
Ce sont là des questions qu’on s’est tous déjà posées, qu’on les trouve ridicules ou non. La scène de la thérapie de couple télévisée entre Sarianne Cormier et Alexis Lefebvre souligne une nouvelle notion dans ce tourbillon de questionnements existentiels, celle de la capitalisation de l’amour, lorsque le thérapeute/animateur de foule leur rappelle à de nombreuses reprises que la RAMQ ne paye pas pour ce genre de consultations et qu’il faut absolument une assurance privée.
Malgré l’aspect comique de la pièce, on en ressort sans aucun doute chamboulés, prenant un certain temps pour assimiler les multiples messages de la pièce. L’interaction entre les acteurs et les spectateurs augmente d’autant plus cet empressement à comprendre l’essence de la représentation.
Certains moments pouvaient sembler s’éloigner du message principal (plus facile à saisir), des passages plus troublants, cacophoniques et imagés, mais toujours sans diminuer la force de la proposition. L’interactivité comédiens-public crée parfois des malaises palpables, mais l’équipe d’Ivresse a su délicieusement jouer avec la foule, au point de la faire rire et réfléchir dans un même souffle.
La pièce Ivresse de Falk Richter est présentée du 8 au 18 mars 2017 à La Chapelle – Scènes contemporaines.
Article par Luca Max.
