En 2018, Audrey Hébert publiait, chez les feues Éditions de l’Écrou, Hochelagurls, une ode au quartier Hochelaga, où elle a grandi. Le 28 février prochain, son recueil de poésie fera peau neuve en paraissant aux Éditions de Ta Mère. La réédition propose « une version revue et augmentée de plusieurs nouveaux textes[1] ». Le recueil de poésie prend effectivement de l’ampleur avec l’ajout d’une trentaine de pages. L’autrice y dédie des vers à son quartier mal-aimé, mais aussi aux années 90, à ses chums de filles et à la résilience.
Dans son recueil, Audrey Hébert brosse un portrait stéréotypé de l’est du centre-ville. Elle emploie un ton satirique pour la rédaction de ses fragments represent dans lesquels on voit apparaitre les itinérant·e·s, les ruelles puantes, les piqueries, les cassettes VHS, les Spice Girls et Mario Kart. Elle y fait honneur aux clichés qui collent à la peau des résident·e·s de son quartier, ceux qui évoquent les années 90, puis ceux incarnés par sa bande d’amies.
Les fragments poétiques sont enrichis de références pigées à la fois dans la culture populaire et la culture élitiste. Il y a une collision entre les deux cultures qui se côtoient dans le quartier, avec d’un côté un ensemble de sujets omniprésents dans la société et de l’autre des sujets plus savants. Les références plus érudites sont souvent évoquées dans les vers qui font référence à des personnes plus instruites. D’ailleurs, certains passages – tels que les art meme qui amorcent chaque chapitre – laissent entrevoir l’interdisciplinarité de l’autrice, qui a fait un parcours universitaire en histoire de l’art. J’avoue avoir eu à jeter un petit coup d’œil en ligne par moment pour être certaine de bien saisir l’entièreté des poèmes. Les termes spécifiques et le fait de ne pas connaitre le quartier d’Hochelaga – n’y ayant jamais vécu et l’ayant peu visité – m’a parfois fait perdre un peu d’intérêt envers les poèmes puisque je n’avais pas l’impression de pouvoir bien les comprendre.
À travers ses fragments franglais à la fois crus, humoristiques et militants, Audrey Hébert manifeste l’amour qu’elle porte à son quartier malgré son contexte socio-économique précaire et la criminalité qu’on y retrouve. On y ressent aussi un fort sentiment de solidarité féminine alors qu’elle détaille le portrait de chacune de ses copines. La poète laisse deviner qu’elles se tiennent les coudes, et ce, peu importe la situation.
« au last call il sort son iPhone / et prend une photo avec elle / les vrais souvenirs sont en JPEG[2] »
Bref, Audrey Hébert fera certainement beaucoup d’heureux·ses avec la réédition de ce recueil trashicomique.
[1] Ta mère, Hochelagurls, en ligne, https://www.tamere.org/nos-livres/hochelagurls/, consulté le 23 février 2023.
[2] Audrey Hébert, Hochelagurls, Montréal, Ta Mère, 2023, p. 31.
***
Hébert, Audrey, Hochelagurls, Montréal, Ta Mère, 2023, 144 p.