Révèle la relève a vibré au son des guitares de Dave Chose et de Dany Placard

Dans le cadre de la série Révèle la relève, coproduite par les Francouvertes, la Maison de la culture Maisonneuve accueillait,…
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Dans le cadre de la série Révèle la relève, coproduite par les Francouvertes, la Maison de la culture Maisonneuve accueillait, le vendredi 8 décembre, Dave Chose et Dany Placard pour clore le tout. Cette soirée, consacrée aux artistes émergents francophones, soulignait le talent de deux musiciens au style grunge.

Dave Chose au clavier (Crédit photographie : Louis Pelchat-Labelle)

Créées en 1995 par Faites de la musique, les Francouvertes ont pour but de favoriser l’émergence de groupes et d’artistes de la relève musicale francophone canadienne en présentant tous les styles musicaux. Pour ce faire, elles organisent plusieurs concours et présentent, depuis 2006, en collaboration avec l’arrondissement Mercier–Hochelaga-Maisonneuve et la Maison de la culture Maisonneuve, la série Révèle la relève, consacrée aux artistes francophones émergents. Révèle la relève offre, chaque année, plusieurs spectacles dans une formule de cabaret, plateau double. Sa programmation biannuelle permet à un maximum d’artistes de présenter leur musique et de se faire découvrir.

Dave Chose, de son nom d’artiste, a été découvert lors des 21e Francouvertes. Pour ce Saguenéen qui a adopté le quartier d’Hochelaga comme nouvelle demeure, se retrouver à la maison de la culture Maisonneuve, selon ses propres dires, lui fait énormément plaisir. Comme musicien, il a pour habitude de composer des textes poétiques dans lesquels il magnifie le banal et rend la lumière à ce qui est habituellement laissé dans l’ombre : des textes urbains, sensibles, qui permettent à la poésie des choses de briller. Ancien membre du feu trio folk-punk Faudrait faire la vaisselle, Dave Chose s’affiche aujourd’hui solo, bien que toujours accompagné des musiciens des groupes Galaxie et PONY. Il s’apprête à livrer un premier album folk-grunge, aux arrangements sensibles et aux textes criblés de mots crus et lumineux.

Pour sa part, Dany Placard, après avoir baigné pendant près de vingt ans dans un univers folk rock dont plusieurs de ses albums sont imbibés (Rang de l’église, Raccourci, Placard, Démon et Santa Maria), a récemment laissé tomber la guitare sèche et l’harmonica pour la guitare électrique lourde. Il nous offre cette année un nouvel album dans un style rock alternatif aux tonalités plus modernes : Full face. Accompagné de plusieurs musiciens, Guillaume Bourque (guitare, coréalisateur), Marc-Olivier Tremblay Drapeau (basse), Camille Gélinas (clavier), Jonathan Bigras (batterie), Gabriel Desjardins et Louis-Philippe Gingras (arrangements et cordes), Dany Placard explore des textes sombres contrastants avec une musique riche aux tonalités grunge inspirées de Nirvana et de Radiohead.

Dave Chose et son groupe (crédit photographie : Louis Pelchat-Labelle)

Pour clore la série Révèle la relève, c’est un Dave Chose en veston qui s’est présenté sur scène, bien décidé à faire honneur à la Maison de la culture Maisonneuve. Il a commencé sa prestation avec une chanson au rythme lent, accompagné de la douce musique de son clavier. Tranquillement, les spectateurs ont été plongés dans l’ambiance folk-grunge du musicien. Il a enchainé avec une chanson plus rythmée, pendant laquelle Jonathan Bigras a donné toute une performance à la batterie. Tout au long du spectacle, Dave Chose a alterné entre des pièces plus lentes et des pièces plus rythmées, entre des chansons où la guitare régnait, et d’autres où la batterie était davantage mise de l’avant.

J’ai été grandement surprise par la chimie et le talent des musiciens sur scène. Professionnels, ils ont joué en harmonie tout au long du spectacle, rendant hommage aux superbes arrangements musicaux de Nicolas Beaudoin. Ses arrangements sensibles soulignaient par moments la vibration des guitares électriques, et à d’autres le rythme imposant de la batterie, la douceur du clavier ou encore la lourdeur de la basse.

Au milieu de sa prestation, Dave Chose a pointé la ressemblance évidente entre lui et celui qui lui succédait sur scène : « Il y avait deux thématiques à soir… les barbes, pis le Saguenay ». À l’aise sur scène, il s’est adressé plusieurs fois aux spectateurs, leur faisant part du bonheur qu’il éprouvait à les voir : « Criss, il y a plein de monde, c’est cool ! ». Bavard, il a expliqué l’origine de plusieurs de ses chansons.

C’est ainsi qu’il a enchainé avec la pièce Pizza congelée, après avoir précisé qu’elle avait été créée durant un été où il avait fait une pause de beuverie. J’ai eu un coup de cœur pour la prestation du bassiste tout au long du spectacle et qui, pendant cette pièce en particulier, a eu l’occasion d’interpréter un court solo, fort réussi. Les paroles de cette chanson : « Pizza congelée, s’te plait fais-moi du bien, amène-moi quelque part où je ne sentirai rien » sont à l’image des pièces de Dave Chose. L’ordinaire y figure en poésie et crée, par l’arrangement musical, une mélodie.

Dave Chose prend une gorgée de bière entre deux pièces (crédit photographie : Louis Pelchat-Labelle)

Être très coloré, Dave Chose ne se gênait pas pour boire sa bière sur scène, lancer quelques sacres et se moquer de ses amis musiciens, de ses jeans troués aux fesses et de son veston, qu’il a fini par enlever, car, selon ses propres dires, il l’énervait vraiment.

En interprétant la chanson Le grand départ, il précisa que le titre de cette pièce changeait très souvent, blaguant avec le public, qui riait à chacune de ses répliques. Seule chanson qu’il a interprétée en solo, il a su transporter le public dans son intimité, avec un rythme à la guitare plus lent, une voix plus grave et des paroles formulées au « je », comme s’il s’adressait à chacun des spectateurs directement. Sous un éclairage tamisé, cette chanson a suscité les applaudissements chaleureux du public.

Dave Chose et sa guitare (crédit photographie : Louis Pelchat-Labelle)

En fin de spectacle, Dave Chose a joué l’une de ses chansons très connues : Françoise. La finesse des arrangements musicaux a été ici mise en valeur par l’harmonie des choristes, la résonnance de la basse et la magnifique performance à la batterie de Jonathan Bigras en fin de chanson.

Dave Chose a profité de la soirée pour annoncer la sortie de son premier album en printemps 2018, tout en remerciant Nicolas Beaudoin pour les arrangements. Il a conclu avec sa dernière chanson au rythme lent et aux douces paroles : « On fera l’amour couché ». Avant de quitter la scène, il a remercié le public et a annoncé Dany Placard.

Un peu plus tard dans la soirée, Dany Placard a fait vibrer la salle de spectacle. Après sa deuxième chanson, il a invité les spectateurs à se tenir debout à l’avant de la scène : « On va essayer quelque chose à c’t’heure. J’ai fait enlever les tables. Je me suis dit que le monde va venir quand ça va leur tenter. Faque là je vous le demande : ça vous tente-tu de venir en avant ? » Une cinquantaine de personnes ont répondu à son appel et se sont déplacées à l’avant pour chanter et danser au rythme d’une musique plus rock et plus rythmée que celle de Dave Chose.

Dany Placard (crédit photographie : Louis Pelchat-Labelle)

Dany Placard, dans plusieurs de ses chansons, a laissé place à la musique : seul le son des guitares, harmonisé à la batterie, à la basse et au clavier, se faisait entendre. Chapeau aux musiciens qui ont su donner une solide performance, interprétant chacun à leur tour des solos vibrants.

Grâce à son attitude scénique et à son immense talent, Jonathan Bigras a su rythmer et dynamiser chacune des chansons interprétées. Ses mouvements de tête faisaient voler ses longs cheveux détachés et transportaient le public dans un univers rock, là où plus la musique est disjonctée, mieux c’est.

Dany Placard et son groupe (crédit photographie : Louis Pelchat-Labelle)

Dany Placard a commencé son spectacle en présentant des chansons de son nouvel album Full Face, telles que Vince et Sleeping bag, où la batterie est jouée toute en subtilité et où le clavier de Camille Gélinas, seule femme du groupe, se fait entendre. Le son rock alternatif de cet album, semblable au son de groupes tels qu’Arcade Fire ou Radiohead, contrastait avec ce à quoi il nous avait habitués dans ses albums précédents.

Dany Placard a continué avec « du vieux stock », comme il le disait, au style plus folk grunge et aux nombreux arrangements musicaux. Moins bavard que Dave Chose, il se contentait de bouger et de danser au rythme de sa musique. Le jeu d’éclairage dynamisait sa prestation sur scène, espace qu’il utilisait à son avantage. Complice, il se tournait souvent vers son guitariste Guillaume Bourque et faisait parfois même dos au public, saluant au passage son bassiste Marc-Olivier Tremblay Drapeau.

Après avoir interprété sa chanson Payer tes bills, dont les paroles « Y’é tard, t’es fatigué, tu finiras la job demain » faisaient écho au sentiment général des spectateurs exténués par la fin d’année, le chanteur a eu droit à un rappel de leur part.  De retour sur scène, Dany Placard s’est empressé de lancer un « J’vous aime encore plus que tantôt » et d’interpréter une toute dernière chanson avec ses musiciens.

Dany Placard (crédit photographie : Louis Pelchat-Labelle)

Révèle la relève a réussi avec ce spectacle de clôture à rassembler des musiciens de talent qui ont su donner une solide performance. En réunissant sur scène des musiciens issus de deux générations différentes, les organisateurs ont attiré un public d’âges variés. C’est donc sur une note très positive que la série Révèle la relève prend fin. À travers une solide programmation et un spectacle de conclusion mémorable, elle a prouvé encore cette année qu’elle avait beaucoup à offrir aux amateurs de musique francophone émergente.

Pour ceux et celles qui ont manqué l’édition d’automne, ou qui ne peuvent se lasser de découvrir de nouveaux artistes émergents francophones, la nouvelle saison de Révèle la relève débutera le 16 février 2018 à la maison de la culture Maisonneuve. Pour ouvrir l’événement, nul autre que Laura Babin et Mon Doux Saigneur se partageront la scène. C’est un rendez-vous.

Article par Marie-Andrée Labonté-Dupuis.

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