Le 25 février dernier, les Rendez-vous du cinéma québécois célébraient la fin de leur 30e édition. En même temps, les étudiants de l’école de médias de l’UQAM présentaient leur projet interactif, TRAME. Tout ça à la place Pasteur sur la rue Saint-Denis. Et j’y étais. Du coup, l’Artichaut y était aussi.

J’arrive vers 20 h à la place Pasteur, il y a beaucoup de monde et il fait froid. Heureusement, j’avais prévu le coup. J’ai une petite bouteille de whisky dans mon manteau, du Nikka 52 % d’alcool. C’est probablement le meilleur remède contre le rhume, et les tuyaux bouchés aussi. Cependant, impossible d’en trouver au Québec (merci SAQ), il faut aller aux États-Unis ou en Ontario, mais l’Ontario… Bref, il y a du monde, du bruit, et du feu pour se réchauffer. Tout va bien.
Le spectacle TRAME est déjà commencé. Sur le clocher de l’UQAM sont projetées des images qui rappellent par moment certains grands films d’animation. En fait, TRAME est un spectacle interactif qui, justement, rend hommage au cinéma d’animation québécois. Les images projetées sont très vivantes, colorées et le résultat est réussi. Je repense à ce que m’a dit un clochard l’autre jour : « Si le toit de l’église te tombe sur la tête, c’est quoi le signe? Le signe qu’on s’en va tous chez le diable! » Ça ne fait pas plus de sens aujourd’hui…
Debout au pied du clocher, je vois une foule de gens tous munis de leurs téléphones intelligents et de leurs tablettes tout aussi intelligentes (j’imagine). Je réussis tant bien que mal à me faufiler et à trouver un endroit calme à l’arrière de la masse de gens. Très rapidement, l’impression d’être rejeté m’accable. Je n’ai pas de téléphone intelligent ni de tablette. Autrement dit, vu que le contexte, je suis un gros loser. Le spectacle reste par contre visuellement intéressant. Les connaisseurs auront reconnu les images issues du travail de grands artistes du cinéma d’animation d’ici comme Norman McLaren et René Jodoin. Malgré tout ça, je ne peux m’empêcher de me dire qu’une partie de l’expérience m’échappe. Il faut que j’interagisse avec les images, il faut que je me trouve une Ipatente intelligente.
Je sors de la foule et me dirige un peu plus bas sur la rue St-Denis. Les RVCQ ont organisé un match d’improvisation de la LNI sur le thème du cinéma. Il y a beaucoup de monde. Les applaudissements de mitaines sont cependant peu convaincants. Je n’ai jamais été un fan d’improvisation, mais l’ambiance est bonne et c’est ce qui compte. De retour dans la foule devant le clocher, je réussis finalement à mettre la main sur une tablette. TRAME fonctionne un peu comme un jeu vidéo. On appuie sur l’écran tactile pour faire intervenir des images dans la projection. Le principe est agréable quoique déroutant un peu au début. Il n’en demeure pas moins que c’est une belle façon de nous rappeler que nous avons de vrais petits bijoux de films d’animation et qu’il nous est possible de tous les visionner sur le site Internet de l’ONF.
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Il est environ 22 h et les RVCQ présentent à l’extérieur 30 films Kino qui rendent hommage à 30 films québécois, et cela, pour souligner les 30 ans du festival. Difficile d’être plus « concept ». Les films sont projetés sur une toile qui ondule à cause du vent, il y a quelques petits problèmes de réglage et les images plus sombres sortent très mal à l’écran, mais bon, je suis un peu de mauvaise foi. Lorsqu’on fait du camping, on ne se plaint pas que la tente (ou la tante aussi) pue, est humide et trop petite pour deux. Les films plus légers et humoristiques réussissent mieux en général étant donné l’ambiance plus festive de la soirée. Malgré tout, je réalise que le cinéma Kino a énormément évolué depuis ses débuts. Il y a une réelle qualité cinématographique dans ce qui nous est présenté. En plus, l’idée de cette projection, quoiqu’un peu longue vu les circonstances, est une excellente idée pour clore cette 30e édition des Rendez-vous. Avec tout ça, je réalise que l’eau dans mes genoux a gelé. Je ne peux plus me lever de mon siège. C’est fâcheux. Il faut dire aussi que je suis dehors depuis maintenant presque quatre heures. J’ai bu tout mon whisky, malheur à moi, me voilà comme Popeye sans ses épinards.
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J’ai finalement réussi à me lever. Je ne vous dirai pas comment, car trop de violence et de sexe sont impliqués dans l’histoire. Maintenant, il ne me reste qu’à trouver un restaurant qui peut me servir un café Baileys avec un sandwich au poulet extra bacon et ma soirée pourra continuer! Toutefois, soyez-m’en reconnaissant, je vous épargne les détails de la suite.
Article par Mathieu Rolland. Centipède urbain qui se questionne actuellement sur l’aspect inéluctable de l’échec à travers l’archétype du voyou.