Triptyque de la relève. Soirée Relève d’ici II au Festival Quartier Danses

Le 17 septembre se terminait la 14e édition du Festival Quartier Danses (FQD) à Montréal. Avec une volonté renouvelée de faire…
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Le 17 septembre se terminait la 14e édition du Festival Quartier Danses (FQD) à Montréal. Avec une volonté renouvelée de faire connaître la danse contemporaine montréalaise, nationale et internationale au montréalais, le FQD prenait d’assaut une partie du centre-ville pour y présenter, autant à l’extérieur qu’en salle, plus d’une trentaine de créations contemporaines.

Les soirées Relève d’ici présentent plus spécifiquement des artistes émergents montréalais. La deuxième soirée comprenait donc trois courtes pièces : De notre petit squelette, Beauté brute : vol II et You think you see it this way. 

Crédit photographique: Spencer Sumanik

De notre petit squelette

Les deux interprètes et chorégraphes de ce premier duo expliquent avoir créé cette pièce lors d’une résidence au Yukon. L’immensité de la nature leur a inspiré une recherche autour de la vulnérabilité et des rapports de proximité, le tout dans une intensité physique contrôlée. Accompagné musicalement d’un noise d’ambiance, Annabel Boissonneault et Ayla Graham exécutent une gestuelle adroite et fluide, bien qu’assez sobre. On perçoit la douce harmonie du travail en duo qui privilégie des portés et des transferts de poids. Sous la forme de stations visuelles mises en évidence par des douches de lumières, les deux danseuses proposent des images de corps enlacés, imbriqués l’un dans l’autre avec parfois des allures quelque peu acrobatiques. Une gestuelle simple, encore à un stade d’exploration, les interprètes sont justes et à l’écoute l’une de l’autre. Sans réinventer quoi que ce soit et quelque peu académique, ce duo de dix minutes est agréable à regarder et habilement exécuté.

Beauté brute : vol II

Étant certainement un des collectifs émergents qui possède le plus de potentiel sur la scène artistique contemporaine actuelle, la Tresse en est à sa deuxième création, ayant présenté sa première pièce au festival Zone Homa en 2015. Le trio d’interprètes et chorégraphes, Geneviève Boulet, Laura Toma et Erin O’Loughlin partage une gestuelle unique et singulière. Avec une solide expérience technique (Laura Toma est une figure renommée de gaga à Montréal), elles renouvèlent les notions de présence et d’exploration du corps initiées par le centre. Elle visite le thème d’une féminité non-conventionnelle et cette fois-ci plus spécifiquement celui du désir, du rituel et de la dévotion.

Crédit photographique: Valérie Boulet
Crédit photographique: Valérie Boulet

Leurs corps en mouvement détiennent incontestablement une signature visuelle qui leur est propre. Orteils retroussés, pieds pointés, dos cambrés, l’impulsion part du bassin et provoque des ondulations du torse. Bien qu’ayant différentes morphologies, Laura étant beaucoup plus petite que les deux autres, elles se sont chacune approprié cette gestuelle de pulsions, de contorsions, d’allongements des bras et des jambes donnant à l’ensemble une remarquable expressivité.

Leur première pièce, Beauté Brute, dévoilait leur talent, mais était plus stricte et manquait d’exploration scénographique. Celle-ci tombe un peu à l’inverse, proposant plusieurs idées décousues. Car la pièce vient d’un travail de résidence qu’elles ont effectué à l’Arsenal, une immense fondation d’art contemporain de Griffintown. Leur travail chorégraphique in situ, sous forme de parcours scénique, était tout à fait adapté à l’espace et à un déplacement des spectateurs. Malheureusement, l’adaptation en une seule pièce de trente minutes est un peu maladroite avec ses liaisons parfois rapides, ses tableaux très chargés et sa ligne directrice peu claire. En plus de déjà travailler avec deux costumières qui enrichissent grandement le visuel, elles pourraient bénéficier à s’entourer de conseillers en dramaturgie, scénographie ou en éclairage pour introduire de nouvelles dimensions à leurs créations, car, leur connivence, leur talent, leur humour et la qualité des mouvements leurs assurent un avenir prometteur.

You think you see it this way

La dernière pièce, une création de Kyra Jean Green, porte sur la perception. Interprétée par Kyra Jean Green, Geneviève Gagné et Alexandre Carlos, l’œuvre se veut une extériorisation de la pensée sur le concept de réalité, du visible et de la dimension relative de la vérité.

Cette exploration en mouvement est cependant trop littérale, effectuant souvent en geste ce que les performeurs énoncent à hautes voix. La gestuelle, très didactique, ne présente guère de sensibilité. L’exécution est juste et le thème investigué a du potentiel, mais manque de subtilité.

La Soirée Relève d’ici II était présentée au Festival quartier Danses le 15 septembre 2016 à la Cinquième Salle.

Artichaut magazine

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