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16-05-2025 Vol 19

C’est Sous La Neige que l’hiver a fondu no. 2

Vendredi le 16 mars, c’était au tour de Julie Doiron de fouler les planches de la Sala Rossa. Tête d’affiche du festival Sous La Neige, sa performance a été précédée par celles de Terra Lightfoot et The City Streets. Retour sur un spectacle que l’on pourrait qualifier d’« à la bonne franquette ».

Julie Doiron : Loneliest In the Morning

Crédit photo: Sous La Neige

Julie Doiron avait un mandat bien particulier pour son spectacle : jouer l’intégrale de son premier album, Loneliest In The Morning, album paru en 1997, suite à la dissolution du groupe Eric’s Trip, groupe au sein duquel elle était bassiste et chanteuse. Comme ce fut le cas pour Eric’s Trip, cet album a eu la chance de paraître sous l’étiquette légendaire qu’est Sub Pop, maison de disque liée au mouvement grunge de Seattle.

« À la bonne franquette »? Effectivement, la chanteuse a candidement avoué, dès le début du spectacle, qu’elle n’avait pas eu le temps de réviser convenablement les morceaux de Loneliest In The Morning, chansons composées il y a plus de quinze ans, dont plusieurs n’avaient jamais été jouées en spectacle. Plusieurs pièces de Loneliest In The Morning ont un propos très personnel et sont donc difficiles à aborder en public.

Bien loin du son béton et du professionnalisme du spectacle de In Days Of Yore que j’avais vu la veille, Julie Doiron a donné une performance très brouillonne, souvent même hésitante. Cela n’a pourtant pas empêché la magie d’opérer. Son manque de préparation a même contribué à mettre de l’avant la superbe fragilité de sa musique. En effet, Julie Doiron fait partie de cette classe à part d’artistes dont le charisme naît de la plus simple sincérité, artistes qui peuvent arriver à subjuguer une foule avec une quasi absence de moyens, contrant du coup les codes normaux du spectacle, reléguant aux oubliettes toute la dimension technique qui normalement fait l’apanage d’un concert de qualité.

C’est ainsi que Julie Doiron a enchainé les 14 pièces de Loneliest In the Morning. Se plaisant visiblement à la scène, elle a ensuite joué plusieurs chansons tirées d’albums plus récents, répétant sans cesse « je joue cette pièce et ensuite c’est terminé » pour finalement rejouer une autre chanson… Et une autre, et une autre…

Terra Lightfoot et The City Streets

Le spectacle a débuté par la performance de The City Streets, un groupe originaire d’Edmonton, mais désormais basé à Montréal. L’ensemble a proposé un rock simple et efficace rappelant fortement Sam Roberts.

La prestation de The City Streets a été suivie par celle de Terra Lightfoot, jeune chanteuse basée à Hamilton en Ontario. Délicates mélodies, riches harmonies, belles riffs de guitare, ses compositions aux accents folks, bien que n’amenant rien de neuf sous le soleil, ont néanmoins un grand pouvoir de séduction. À cela s’ajoutait le travail irréprochable de solides musiciens accompagnateurs, ainsi que des interprétations bien senties. En somme, une excellente prestation et, pour ma part, une belle découverte.

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Le concert de Julie Doiron, Terra Lightfoot et The City Streets était présenté à la Sala Rossa dans le cadre du festival Sous la Neige.

Article par Gabriel Vignola. Il aime le gros son, mais aussi la délicatesse… Le verre ciselé par l’orfèvre… Il aime qu’on se lance, qu’on s’attrape et qu’on s’arrête, devant une toile, un livre ou un panneau de signalisation.

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