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17-04-2025 Vol 19

Exposition BDQ: L’art de la bande dessinée québécoise. Un panorama complet d’un neuvième art fleurissant

Actuellement, au musée de la culture populaire de Trois-Rivières, on peut visiter l’exposition BDQ: L’art de la bande dessinée québécoise du 17 juin 2016 au le 28 janvier 2018. L’exposition offre un regard d’ensemble sur le 9e art québécois, tout en vulgarisant habilement le processus derrière l’élaboration d’une bande dessinée.

Quelques héros de la BD québécoise Crédit: André-Philippe Lapointe
Quelques héros de la BD québécoise
Crédit: André-Philippe Lapointe

 Au côté d’expositions sur les hommes forts du Québec et les jouets québécois – deux expositions qui rappellent par ailleurs autant la genèse de la bande dessinée que les préjugés encore existants à son égard – le visiteur du musée de la culture populaire de Trois-Rivières trouve l’exposition BDQ: L’art de la bande dessinée québécoise. La principale exposition temporaire du musée présente de façon très complète les différentes composantes de la bande dessinée québécoise dont les influences sont multiples. Comme l’explique le bédéiste Jimmy Beaulieu, on trouve en ce moment les influences des bandes dessinées franco-belges, américaines, japonaises, mais aussi québécoises. Il est regrettable qu’encore trop de lecteurs de bandes dessinées connaissent une pléthore d’œuvres étrangères sans toutefois pouvoir avancer le nom de plus d’un ou deux auteurs québécois. C’est d’emblée une des forces de l’exposition que de s’intéresser à plus d’une vingtaine de figures emblématiques de la bande dessinée québécoise (par exemple Michel Rabagliati, Jean-Paul Eid, Zviane et Iris), présentant leur biographie et montrant au moins une de leurs œuvres. L’endroit est donc approprié pour retrouver ses artistes préférés mais aussi pour prendre quelques notes quant à de futures découvertes ! Car, bien que la salle ne soit pas immense, il y a beaucoup d’informations à lire et à voir. La visite peut facilement durer deux heures pour celui qui s’attardera à bien lire les textes et les images de l’exposition.

Les panneaux des auteurs Zviane et Iris, auteures de L'ostie de chat Crédit: André-Philippe Lapointe
Les panneaux des auteurs Zviane et Iris, auteures de L’ostie de chat
Crédit: André-Philippe Lapointe

Mais, avant même de voir tous ces panneaux d’auteurs dispersés dans la salle, l’exposition débute en présentant les sept étapes de l’élaboration d’une bande dessinée (le synopsis, le scénario, la recherche graphique, la mise en page, le crayonné, l’encrage, la mise en couleur). Si cette partie a certes une visée plus didactique, elle permet aussi de bien présenter certaines spécificités du médium et surtout d’afficher une quantité satisfaisante de documents originaux de plusieurs auteurs de manière à bien illustrer chaque étape. Plusieurs autres sections de l’exposition abordent les réalités de l’industrie québécoise: la diversité des maisons d’édition, l’importance historique des fanzines et l’actuelle reconnaissance de la BD québécoise (en montrant les nombreuses traductions et d’étonnants produits dérivés). À travers l’exposition, le visiteur apprend l’histoire de la bande dessinée québécoise et peut observer son développement, ses progrès techniques et son foisonnement actuel. Plutôt que de tenter de définir sa spécificité, l’exposition laisse la définition aux auteurs. En effet, le visiteur peut écouter plusieurs bédéistes, comme Jimmy Beaulieu, parler ce qui fait l’intérêt du médium au Québec.

Traduction de Comédie sentimentale pornographique de Jimmy Beaulieu Crédit: André-Philippe Lapointe
Traduction de Comédie sentimentale pornographique de Jimmy Beaulieu
Crédit: André-Philippe Lapointe

Bien que la muséologie de l’exposition soit au final assez simple, quantité d’objets et d’illustrations interpellent notre regard. Plusieurs vidéos permettent également de voir diverses personnalités entourant le médium (artistes et critiques). La plus grande interaction avec le public est sans doute une planche de Jean-Paul Eid: un gros bouton jaune nous permet d’afficher l’envers de la planche, normalement visible en éclairant la page. Cette planche permet de souligner le talent propre à l’auteur en jouant avec la séquentialité du médium et en s’appropriant la découpure du temps et de l’espace. On peut seulement regretter qu’il n’y ait pas plus d’exemples de ce type, notamment le cas du livre troué du même auteur (le livre est littéralement traversé de bord en bord par un vrai trou! durant tout le récit, des personnages et des objets y tombent et réapparaissent ailleurs dans le récit).

La place est laissée aux visiteurs Crédit: André-Philippe Lapointe
La place est laissée aux visiteurs
Crédit: André-Philippe Lapointe

L’exposition se termine en offrant un endroit où l’on peut lire plusieurs bandes dessinées québécoises. Sur le mur, plusieurs cases sont visibles: certaines contiennent des illustrations d’œuvres de bédéistes, tandis que d’autres sont vierges et attendent d’être dessinées par les visiteurs enthousiastes.

Pour toutes les informations, c’est ici

Exposition BDQ: L’art de la bande dessinée québécoise, Musée québécois de la culture populaire, Trois-Rivières, du 17 juin 2016 au le 28 janvier 2018.

Article par André-Philippe Lapointe.

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