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16-05-2025 Vol 19

Le casse-tête d’un homme. Le jeu de l’imitation de Morten Tyldum

Nous le connaissons bien pour son rôle légendaire dans l’émission Sherlock de la BBC. Il se présente maintenant dans la peau d’Alan Turing, mathématicien savant des années 1940. Benedict Cumberbatch rayonne dans le film Le jeu de l’imitation du réalisateur norvégien Morten Tyldum.

Benedict Cumberbatch © 2013 - Black Bear Pictures
Benedict Cumberbatch
© 2013 – Black Bear Pictures

Contrairement à Sherlock, Turing a réellement existé et nous lui devons l’engin depuis lequel vous lisez cet article. Oui, l’ordinateur n’est que l’enfant de la machine que Turing a développé lors de la Seconde Guerre mondiale. Mandaté par le gouvernement britannique à l’époque pour déchiffrer un système de code allemand appelé Enigma, Turing doit décripter ce casse-tête impossible à craquer puisque ses données changent tous les 24 heures.

La machine est toutefois gardée secrète puisque la menace nazi règne toujours. Mais, nous connaissons bien l’histoire: les Alliés gagnent la guerre, éradiquant le nazisme en Europe. Toutefois, Turing n’est pas un héros de guerre comme il aurait dû l’être. À la place, quelques années après la guerre, on le condamne pour indécence due à son homosexualité. Il a le choix entre la prison ou une médication d’un an pour soigner sa libido. Sa décision de «guérir son homosexualité» l’entraîne dans une dépression qui aboutira au suicide.

L’histoire de Turing a été présentée au grand écran pour la première fois en 2001 dans le film Enigma de Michael Apted. Le film a toutefois représenté le mathématicien comme un hétérosexuel, populaire de ces dames, pris dans un triangle amoureux et une affaire d’espionnage. L’idée de faire un film hollywoodien de l’histoire d’un mathématicien sans grands rebondissements n’a pas été reçue comme prévu, et le film Enigma est tombé dans l’oubli. Le script de Jeu de l’imitation, que l’on doit au scénariste Graham Moore, est beaucoup mieux construit et ne dément aucunement l’identité de Turing et des faits vécus. Étant un passionné des ordinateurs et de l’histoire de Turing, Moore a su apporter une touche plus vraie à son mathématicien.

THE IMITATION GAME
Keira Knightley et Benedict Cumberbatch © 2014 – The Weinstein Company

Benedict Cumberbatch est mieux connu sous le chapeau célèbre de Sherlock, mais se distingue également pour ses rôles plus sombres. Alan Turing en est un exemple, de par ses tendances tourmentées et le lourd secret de son homosexualité. On peut reconnaître un peu de Sherlock dans Turing. En effet, ce dernier est un solitaire savant, socialement maladroit. Il se lie d’amitié avec Joan Clarke, interprétée par la très talentueuse Keira Knightley. Après avoir déjà travaillé ensemble pour le film Expiation de Joe Wright, Cumberbatch et Knighley se retrouvent à nouveau. Les deux font réellement la paire.

Le jeu de l’imitation est à la fois un réel cours d’histoire en 1 heure et 54 minutes, mais aussi un chef d’œuvre cinématographique. En nomination cinq fois aux Golden Globes, le 11 janvier prochain, le film concourt dans les catégories de meilleur film, meilleur acteur pour Benedict Cumberbatch, meilleure actrice de soutien pour Keira Knightley, meilleur scénario pour Graham Moore et meilleure bande sonore originale. Le chemin est tout tracé pour les Oscars en février.

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Le jeu de l’ imitation prend l’affiche le 19 décembre à Montréal.

Article par Camille P. Parent.

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