Plus ou moins vrai, entre formel et narratif : Plus vrai de Sarah Bild

Danse-cité invite le public à découvrir, ou redécouvrir, la chorégraphe Sarah Bild à l’aide de sa création Plus Vrai présentée au…
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Danse-cité invite le public à découvrir, ou redécouvrir, la chorégraphe Sarah Bild à l’aide de sa création Plus Vrai présentée au Théâtre rouge du Conservatoire du 20 au 23 novembre 2013. Cette chorégraphie est créée avec la complicité des trois interprètes Sara Hanley, Alexandre Parenteau et Isabelle Poirier. Au menu: fresques formelles et contrôle.

Dès les premiers pas du trio, le public se trouve confronté à des mouvements corporels sans que ne puisse en être inféré quelque contexte narratif que ce soit. Une conception chorégraphique basée sur l’autonomie du mouvement est offerte aux spectateurs. En effet, la chorégraphe, Sarah Bild, cherche à présenter des «fresques formelles». Toutefois, après quelques minutes seulement, à cette volonté radicale vient s’opposer un texte que chuchotent les danseurs. Ces mots, pratiquement inaudibles de la salle, viennent questionner la profondeur de la recherche corporelle au niveau de l’autonomisation du mouvement. L’impression d’assister à une narration sporadique et très subtile flotte dans l’air; une histoire qui serait si subtile paraît se dérouler sous nos yeux, mais l’impression de ne pas pouvoir la saisir, chaque fois qu’elle fait surface, est inévitable. L’utilisation de plantes et d’un balai comme accessoires relie, encore une fois, la chorégraphie à un univers narratif et réel. Malgré ces indices de narrativité, les émotions et la ligne directrice de cette histoire restent inatteignables, incompréhensibles.

crédit: Nicolas Ruel
crédit: Nicolas Ruel

Contrôle

Dans cette recherche chorégraphique, les corps des danseurs s’expriment de manière extrêmement contrôlée de façon à ce que, du public, ils n’émettent aucun bruit lors de leurs mouvements et de leurs chutes. Ce contrôle, aux allures excessives, vient peut-être détourner, au bout d’un moment, la concentration du spectateur. Il fut agréable, après un temps, de voir les danseurs se libérer du contrôle pour se permettre une explosion de leurs limites. Au même moment, la musique perd son calme et se met à déroger de sa structure harmonique. Une montée dramatique et une angoisse dans les mouvements se font alors ressentir.

Un trio, une interprétation

Comment interpréter une autonomisation du mouvement? Les corps des danseurs ont présenté l’exactitude qu’il est possible d’avoir dans les limites de la retenue corporelle. Ils ont aussi démontré, à la fin de la soirée, l’explosion de leurs limitations. On ne cherche pas l’interprétation d’une émotion, mais plutôt celle d’un phrase corporelle. L’idée de prendre le mouvement pour ce qu’il est en lui-même est une démarche artistique intéressante. Sarah Bild conjugue cette recherche à un travail chorégraphique collectif avec ses danseurs.

Est-ce partie prenante de l’autonomisation du mouvement que de restreindre la connexion entre les danseurs? Malgré les mouvements synchronisés, les portés et les chamailleries, les interactions se font presque poliment. Les interprètes sont, cependant, capables d’une fluidité impressionnante. Leurs formations et leur expérience transparaissent dans ce travail de précision.

Crédit: Nicolas Ruel
Crédit: Nicolas Ruel

La pièce principale, d’une durée de 40 minutes, est présentée à la suite d’un court solo interprété par la chorégraphe Sarah Bild. Il est à savoir que cette courte chorégraphie n’a pas de lien direct avec Plus vrai. Ce solo est l’amorce d’une recherche chorégraphique tout autre. Bild se présente donc aussi comme interprète, aussi bien corporellement que théâtralement, et permet à la soirée de durer, en tout et pour tout, une petite heure.

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Plus vrai de Sarah Bild, du 20 au 23 novembre 2013 au  Théâtre rouge du Conservatoire. Une production de Danse-Cité en collaboration avec Sarah Bild.

Article par Anne-Marie Santerre.

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