La Fac, jeune collectif de 16 artistes multidisciplinaires passionnés, révélait vendredi 25 mars, et ce pour la première fois, l’ampleur de leur travail aux multiples inspirations, intégrant jazz, hip-hop, musique du monde et trap expérimental avec un style sans pareil.

Courtoisie: Ludovic Photographie
Cinq formations créées au sein du collectif ont présenté leurs oeuvres respectives, allant de compositions jazz du saxophoniste Arnaud Castonguay à une performance audiovisuelle performée par Samuel Brais, alliant rythmes électroniques ambiants forts et projection visuelle psychédélique.
Les membres viennent d’horizons différents, certains ayant des formations en musique jazz au cégep de Saint-Laurent alors que d’autres y sont allés de manière plus autodidacte pour maîtriser leurs instruments. Une variété intéressante est donc offerte au public qui peut s’identifier à un ou l’autre des éléments du collectif, un atout pour les artistes.
Le début de leur concert a été ponctué par une animation habile de la part du rappeur Vinnie Koopa, alors qu’il tentait d’expliquer au public ce qu’était La Fac, concept qui n’était pas totalement limpide dans l’esprit des membres du collectif. «Ce sont des musiciens qui aiment la musique et qui veulent en faire le plus possible», déclare-t-il sur le vif.
Un quintet de jeunes musiciens jazz a ouvert le spectacle, performant les compositions d’un des membres, Arnaud Castonguay, saxophoniste et étudiant au cégep de Saint-Laurent. La quantité de temps et de travail que chaque musicien a passé au fil de son parcours à jouer, pratiquer et trimer afin de connaître leur instrument par coeur s’est instantanément fait ressentir par cette flagrante maîtrise qui émanait de leur jeu.
Ils ont laissé place à un trio bien singulier, alliant ce rap chanté, rappelant Kacem Wapalek de l’Animalerie, beatbox, guitare, piano et même l’instrument préféré des élèves du primaire, la flûte à bec. Le spectacle a pris une toute autre tournure au fur et à mesure qu’il devenait évident que le collectif avait effectivement raison d’être, puisque tant de styles différents sont regroupés sous son égide, sans toutefois se dissocier les uns des autres.
Une performance audio-visuelle électrisante a été livrée par Samuel Brais, faisant concorder comme par magie sa musique aux sons ambiants et pénétrants avec des effets visuels colorés et géométriques projetés derrière lui. Des compositions du pianiste et rappeur Franky Fade ont suivi, faisant fusionner piano jazz et rap, le tout performé par lui et ses musiciens, dont certains faisaient également partie des groupes ayant joué précédemment.
La soirée s’est soldée par un alliage inusité entre saxophone, joué par Arnaud Castonguay, et musique ambiante minimaliste créée par le producteur Bloom XXI, du collectif Team XXI. Prolifique amalgame de styles, cet échange musical a su intriguer la foule qui en demandait plus.
C’est par un hommage à Phife Dawg, membre de l’iconique groupe de rap oldschool A Tribe Called Quest, qu’un jam général s’est engagé, invitant tous les musiciens de la salle à improviser à qui mieux mieux.
Le public a pu constater la grandeur du collectif, tant numériquement que stylistiquement, faisant remonter des questions quant à la composition de La Fac. Arnaud Castonguay croit qu’un but fondamental est toutefois lié à la création de cette large formation. «On voudrait créer une tribune indépendante non-lucrative pour soutenir l’émergence de nos projets artistiques actuels. On aspire non seulement à présenter diverses formes d’art, mais aussi à les réunir sous une même tribune», explique le compositeur.

Courtoisie: Ludovic Photographie
Effectivement, ce n’est pas que le 4ème art qui est représenté par La Fac. Les arts visuels et l’écriture se côtoient dans cette mer de sons. Emmanuelle Desfossés, dessinatrice et aspirante graphiste, s’est chargée de l’aspect visuel promotionnel. Sans seulement jouer dans les platebandes de la promotion, elle collaborera avec Samuel Brais, créateur d’un logiciel capable de coordonner musique et projection visuelle. L’artiste visuelle profitera également des concerts pour exposer ses toiles et créations.
La diversité se présente comme un large avantage pour le collectif, étant donné la vastitude du public atteignable. «Comme nous venons tous de milieux différents, nous arrivons à rejoindre beaucoup de personnes en même temps ce qui nous permet de se faire connaître par un plus grand bassin de personnes. L’idée en soi du collectif nous permet d’avoir un débit créatif plus important que si chaque membre évoluait de son côté», précise Arnaud Castonguay.
Des interrogations ont surgi quand est venu le temps d’expliquer le pourquoi du format si particulier du rassemblement artistique. Pour le pianiste Vincent Favreau, une différence fondamentale apparaît quand vient le temps de comparer groupe et collectif. «Un groupe, ce sont des gens qui ont beaucoup de points en commun et qui ont en tête un objectif très similaire. Je ne dis pas que nous n’avons pas d’objectif, loin de là, mais que nous sommes simplement plus que ça», clarifie le musicien.
Alors qu’ils n’en sont qu’à leurs premiers pas, les membres du collectif sont déjà fébriles de voir l’évolution de leur projet. «On veut intégrer d’autres personnes au fil du temps», note Vincent Favreau. L’engouement du public face à cette nouveauté semble néanmoins très propice à ce que le collectif évolue à sa manière au fil du temps.
Article par Luca Max.