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17-04-2025 Vol 19

Une toune par jour de Jean-Sébastien Houle : «c’est comme un ménage de disque dur»

Coup de cœur francophone a invité Jean-Sébastien Houle et ses sept musiciens pour un spectacle mettant en vedette ses meilleures chansons. Ayant composé, enregistré et édité plus de 300 titres depuis le 1er janvier 2013, l’instigateur derrière Une toune par jour n’aura pas de difficulté à combler les spectateurs.

Jean-Sébastien Houle dans sa chambre-studio
Jean-Sébastien Houle dans sa chambre-studio

Jean-Sébastien Houle, sandwich à la main, présente sa chambre-studio où il a composé depuis le début de l’année un plus grand nombre de chansons que les Beatles dans l’ensemble de leur carrière. Dans la pièce s’accumulent des instruments de toutes sortes. Trombone, piano, ukulélé, guitare, accordéon et autres, ainsi qu’une console et son plus-que-précieux ordinateur. C’est avec un grand sourire qu’il me fait écouter l’ébauche de sa dernière composition, Hey Michel (sa 303e «toune» au moment de l’entrevue). Aussi incroyable que cela puisse paraître, avec acharnement, il devra poursuivre jusqu’à la fin du mois de décembre son travail créatif afin d’atteindre son objectif : composer 364 chansons originales en un an.

Le mélomane de 23 ans a pris la décision de se concentrer exclusivement sur la musique et de ne faire rien d’autre. À quelques semaines de son succès anticipé, il ne regrette aucunement son choix. «Tout le monde devrait tout abandonner pour faire ce qu’il aime au moins une fois, clame-t-il en mordant dans son sandwich. Un an, ce n’est pas si long. Quand tu le vis, je te garantis que ce n’est pas long. Compter en jour ça change tes perspectives du temps.» Il survit uniquement des quelques contrats et des donations qu’il reçoit pour ses chansons. «J’aurais pu me prendre une job au Couche-Tard, mais ce n’était pas ça le défi.»

Jean-Sébastien Houle à l'oeuvre

Contrairement à ce qu’on peut croire, le musicien ne compose jamais une chanson d’avance. «Il faut que ça reste chaque jour, sinon j’aurais pu produire 305 jours en deux mois et j’aurais mis ça en ligne jour après jour. Je serais allé dans le sud pour le reste de l’année!» Son objectif est moins d’offrir une chanson par jour au public que de réaliser un accomplissement personnel de taille. C’est une démarche personnelle.

La vie n’est pas toujours facile pour Jean-Sébastien Houle, qui a connu certains jours sombres. «Je n’ai jamais voulu abandonner, mais des fois ça fait chier. C’est comme lorsque tu vas travailler et ça ne te tente vraiment pas. Ça dépend vraiment du moment. Cependant, je fais juste ça. Je ne vais pas travailler et je reviens. Non, je fais juste ça», lance-t-il. L’autodidacte ne manque pas d’inspiration. Son projet Une toune pas jour lui sert à extérioriser les chansons qu’il a dans la tête et cela, dit-il, lui permet de faire de la place pour que de nouvelles compositions puisse y germer. «Je pense juste à ça tout le temps, ça n’arrête jamais, avoue l’ancien étudiant de l’UQAM. C’est comme un ménage de disque dur. Si la toune de marde sort, ça permet de faire de la place pour une bonne. Ce n’est pas un classique par jour, mais j’ai toujours au moins un like par toune.»

Pour varier et ne pas tomber en panne d’inspiration, le musicien visite tous les genres et autant d’instruments que possible. «Je picosse dans plein de petites assiettes pour ne pas que ça soit redondant. Puis ça me permet aussi d’apprendre, fait-il remarquer. Prenons le hip-hop par exemple, c’est dur de le faire sonner comme le vrai et c’est ça le défi de voir ce qu’ils font pour ce résultat.» Lorsqu’il trouve que l’on a trop entendu sa voix pour «ses tounes», il n’hésite pas non plus à bien s’entourer. Jean-Sébastien Houle est ouvert aux collaborations et a fait des chansons avec Ève Landry, Dead Obies et Yann Perreau, entre autres.

Le mélomane ne crée pas seulement dans l’intimité de sa chambre, il invente des compositions partout où il se trouve, quand elles lui viennent. C’est d’ailleurs ce qui est prévu pour son concert du 11 novembre prochain, dans le cadre de Coup de coeur francophone. Ne doutant pas du talent de ses musiciens, Jean-Sébastien Houle n’est pas affecté par le stress. Pour définir quelles seront les compositions choisies parmi son répertoire en constante expansion, chacun d’eux y mettra de son grain de sel. «J’ai également invité ceux qui ont collaboré aux tounes retenues, clame-t-il, bien heureux du spectacle qui se dessine. C’est ça qui est fun. Ce n’est pas un show normal, c’est très collectif. Bref, c’est un gros party de musique.»

Même si Jean-Sébastien Houle adore la scène, la planification d’une telle soirée nécessite beaucoup de temps en raison des compositions quotidiennes qu’il doit produire. «Je ne ferais définitivement pas un spectacle par jour. Néanmoins, la scène c’est incomparable à du studio, alors deux par année, ça fait du bien», laisse entendre le compositeur.

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Le temps est une composante essentielle de la vie du fondateur d’Une toune par jour qui doit jongler entre l’élaboration de ses compositions, mais aussi avec toutes les tâches connexes. Il porte les chapeaux de relationniste de presse, de gérant et même de designer.

Pour préserver sa santé mentale, l’autodidacte s’est autorisé trois «breaks» durant l’année, à chaque tranche de 100 chansons réalisées. Son ultime pause étant épuisée, il ne lui reste donc moins de 60 compositions à réaliser avant d’atteindre son objectif. L’approche de la réussite vient avec un mélange d’euphorie et de stress. «Je suis nerveux d’être dans la dernière ligne droite, mais je suis surtout prêt à passer à autre chose. Au début, quelques personnes ont cru que je n’en serais pas capable. D’une certaine façon, ça m’a donné du jus et j’avoue que j’ai hâte aussi de le remettre dans leur face», dit-il à la blague.

Un album est prévu début 2014, sur lequel on pourra entendre les meilleurs morceaux d’Une toune par jour. D’ici là, le premier janvier arrive à grands pas et cette date représente l’ultime étape de l’actuel projet du compositeur: «Après Une toune par jour il y a de quoi, mais je ne peux pas en parler», confie-t-il en riant.

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Voyez Une toune par jour au Divan Orange le 11 novembre dans le cadre de Coup de coeur francophone.

Article par Isabelle Langlois. Isabelle est étudiante en journalisme à l’UQAM et collabore par conséquent dans quelques médias de l’université comme le Montréal Campus et l’Artichaut.

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