Par une fraîche nuit d’octobre, l’équipe de l’Artichaut était invitée à une soirée d’épouvante et behind the scenes à la dixième édition du Village hanté. Situé à Drummondville, à environ une heure de Montréal, le Village Québécois d’Antan est reconnu pour ses maisons historiques, son animation hors pair et ses fameux beignes à l’érable. Toutefois, à la veille de l’Halloween, le site se transforme en véritable lieu cauchemardesque, digne des plus grands classiques de l’horreur. Accompagnée d’un très brave photographe et armée de courage, je suis allée déambuler dans les rues glauques de ce village animé par des esprits, des monstres, des démons…

Photo prise au Village hanté lors de la soirée des médias le 7 oct. 2017
Crédits: Étienne Gagné/Photorizon
Mise en terre. Mise en scène
Pour sa dixième édition, le Village hanté a agrandi son site et offre maintenant un véritable parcours à travers différentes mises en scène inspirées des lieux communs de l’horreur. C’est environ 150 employés qui travaillent à animer ce lieu fantastique : techniciens de son et lumière, artistes maquilleuses, costumières, comédiens et comédiennes, etc. Tous les détails allant des décors, aux costumes, aux trames sonores et aux jeux de lumière sont pensés de manière à créer une atmosphère terrifiante nous plaçant dans une situation d’angoisse et d’appréhension. Sur un fond de hurlements, d’alarmes à la The Purge ou de trames sonores comme celle de The Exorcist nous marchons au cœur d’un petit village dont le caractère historique nous rappelle la possible existence d’esprits. C’est en traversant la brume les yeux affectés par les stroboscopes et les lumières de couleurs que les zombies, les cinglés et les démons nous surprennent alors que l’on s’y en attend le moins. Les rues sont comme un film d’horreur; en découvrant cet univers digne du cauchemar, on défile entre les vieilles maisons et les arbres d’un pas hésitant jusqu’à la Zone immersive.

Photo prise au Village hanté lors de la soirée des médias le 7 oct. 2017
Crédits: Étienne Gagné/Photorizon
Le village d’antan hanté propose de vivre une expérience d’épouvante qui effraie même les plus braves. C’est donc le bras accroché à mon compagnon photographe que j’ai emboité le pas au creux du boisé qui laissait paraître des lumières «rouges enfer» ou «mauves sorcière». Une brume épaisse brouillait notre vision et nous empêchait de voir quelconques formes qui pouvaient se cacher dans la broussaille. Les cris des visiteurs se faisaient entendre partout dans le village : impossible d’avancer dans la Zone immersive sans craindre le pire. Alors que nous étions attentifs et à l’écoute de n’importe quel son qui pourrait indiquer la présence d’autrui, une figure d’enfant démoniaque s’est lancée devant nous et m’a agrippé le bras, me faisant ainsi pratiquer mon plus beau vocabulaire religieux.

Photo prise au Village hanté lors de la soirée des médias le 7 oct. 2017
Crédits: Étienne Gagné/Photorizon
La visite au Village hanté est multi sensorielle, si bien que l’on reste souvent figé comme crispé après chaque attraction. Comme les comédiens et comédiennes peuvent nous toucher, tous nos sens sont sollicités tant par les trames sonores de films d’horreur que par l’odeur brumeuse des machines à boucane, les effluves stagnants du (faux) sang séché, les agrippements des personnages, etc. D’ailleurs, si vous participez au souper offert au village, on sollicitera même votre sens du goût avec des plats thématiques comme un potage «bave de grenouilles» ou une «poitrine de corbeau dans son sang». Le Village hanté propose donc une véritable mise en scène de l’horreur, une expérience quasi réaliste des légendes de l’Halloween et de nos pires cauchemars. La programmation comprend justement toute une présentation dans l’Église où se tient un spectacle de sons et lumières qui, quoique trop bref, nous saisi avec ses personnages démoniaques et sa finale horrifiante glorifiant la figure de La Mort.

Photo prise au Village hanté lors de la soirée des médias le 7 oct. 2017 Crédits: Étienne Gagné/Photorizon

Photo prise au Village hanté lors de la soirée des médias le 7 oct. 2017
Crédits: Étienne Gagné/Photorizon
Tel un spectacle, un film, une œuvre littéraire ou un album musical, le Village hanté nous fait découvrir la culture de l’horreur par une expérience physique presque paralysante. La maison «Le couloir des sens» par exemple, l’une des plus terrifiantes, nous plonge dans la noirceur complète d’un labyrinthe étouffant; le sentiment claustrophobe qui nous habite lorsqu’on réussit à s’y échapper n’est pas loin de la crise d’anxiété, ce qui est plutôt amusant pour une personne «brave» comme moi en quête d’adrénaline!
De maison en maison. De scénario en scénario
Toutes les maisons ouvertes du village, comme «Le couloir des sens», offrent un scénario différent. Alors que l’une nous fait entrer dans ce qui semble être un asile psychiatrique, où des gens sévèrement médicamentés et enchaînés se débattent pour se libérer, une autre, «La maison de la biologie», nous fait rencontrer un biologiste qui mijote toutes sortes d’affaires avec des têtes de porc et des serpents dans le formol, de quoi lever le cœur si on daigne y mettre la main!

Photo prise au Village hanté lors de la soirée des médias du 7 oct. 2017
Crédits: Étienne Gagné/Photorizon

Photo prise au Village hanté lors de la soirée des médias du 7 oct. 2017
Crédits: Étienne Gagné/Photorizon
D’autres maisons nous invitent dans des lieux qui devraient être exorcisés. Dans l’une d’elles, un personnage étrange nous incite à réciter des paroles en latin pour éveiller une entité cachée dans l’ombre derrière nous. Lorsque cette dernière s’est mise à gigoter dans ses chaînes, elle nous a fait lâcher un cri digne des adolescents qui font appel à Bloody Mary. Une autre demeure pleine de corps décomposés, où on devine les odeurs nauséabondes de cadavres, nous rappelle l’œuvre The Collector, réalisée par Marcus Dunstan. Il n’est donc pas anodin que la maison s’appelle «Le collectionneur».

Photo prise au Village hanté lors de la soirée des médias le 7 oct. 2017
Crédits: Étienne Gagné/Photorizon
«La Maison du forgeron», quant à elle, nous fait rencontrer un vieux monsieur dément qui nous accueille avec le bout de son fer brûlant. Rapidement, un personnage enchaîné et suspendu au fond se débat au bout de ses chaînes et fait crier tout le monde dans la salle, sauf le forgeron qui, lui, éclate de rire.

Photo prise au Village hanté lors de la soirée des médias le 7 oct. 2017
Crédits: Étienne Gagné/Photorizon
Pour honorer l’un des plus grands réalisateurs d’horreur décédé cette année et pour célébrer sa carrière auprès des morts-vivants, le village a présenté «La maison Georges A. Romero», auteur de Night Of The Living Dead et de Dawn Of The Dead entre autres. La mort de Romero a bouleversé tout le monde de l’horreur; la création de cette mise en scène est donc particulièrement touchante et est un bel hommage à la culture de l’épouvante!
Habiller l’horreur. Arrière-scène du Village hanté
Puisque l’Artichaut magazine s’intéresse particulièrement à la création artistique, nous étions très heureux d’avoir un accès en arrière-scène du Village hanté. Cette rencontre intime avec les comédiens et comédiennes en cours de métamorphose, avec les maquilleurs et maquilleuses en plein travail, etc., nous a permis d’avoir une nouvelle perspective sur la création des univers d’horreur. Assurément, ce ne sont pas que les scénarios, les lumières clignotantes et les cris de loup-garou qui construisent la peur; ce sont aussi les nombreux personnages incroyablement maquillés par des artistes de talent et costumés jusque dans le fin détail. On remarque, par exemple, les pendentifs en crucifix comme dans les films de possessions ou encore les rubans rouges dans les cheveux d’une poupée possédée telle la petite Annabelle des films du même nom, lesquels sont produits par James Wan également auteur des films The Conjuring, Saw et Insidious et par Peter Safran.

Photo prise au Village hanté lors de la soirée des médias le 7 oct. 2017 Crédits: Étienne Gagné/Photorizon

Photo prise au Village hanté lors de la soirée des médias le 7 oct. 2017
Crédits: Étienne Gagné/Photorizon
Les incarnations de l’horreur
En marchant sur la rue principale, on ne côtoie pas seulement les autres braves qui visitent le site. On rencontre aussi plusieurs personnages incarnés par des comédiens et comédiennes d’un talent spectaculaire. Que ce soit des rires démoniaques, des cris de cinglés ou simplement des murmures effrayants, tous les personnages tiennent un rôle efficace et constant. On peut croiser par exemple un clown démoniaque qui ne va pas sans rappeler le film It de Stephen King qui vient récemment de prendre l’affiche ou encore les nombreux zombies qui nous transportent tout droit dans la populaire série The Walking Dead.
Si vous avez aimé les films de la série Texas Chainsaw Massacre, vous pourrez rencontrer un maniaque à la tronçonneuse qui erre en menaçant tous ceux et toutes celles qui passent sur son chemin. Pendant ce temps, une créature extraterrestre qui fait écho aux monstres des films Predator, fait sentir son souffle dans le cou des visiteurs, ce qui m’a rapidement rappelé mon expérience traumatisante du manège Alien Encounter à Walt Disney World quand j’avais 8 ans.

Photo prise au Village hanté lors de la soirée des médias le 7 oct. 2017
Crédits: Étienne Gagné/Photorizon
Avant de quitter le village, nous avons été surpris par une comédienne dont le rôle est inspiré de l’un de mes personnages préférés : la bien populaire Regan MacNeil, petite fille possédée des films The Exorcist et Exorcist II :The Heretic. Avec sa robe de nuit tâchée de vomissures sanglantes et ses yeux démoniaques, l’enfant incarnait parfaitement la jeune Regan qui avait traumatisé tellement de personnes (dont ma mère qui refuse encore d’en parler) après la sortie du premier film en 1973.

Photo prise au Village hanté lors de la soirée des médias le 7 oct. 2017
Crédits: Étienne Gagné/Photorizon
À vos risques et périls
N’étant pas à ma première visite du Village hanté, je fus déçue d’apprendre que certaines mises en scène avaient été retirées du programme puisque des parents, les années précédentes, avaient jugé les maisons trop gore pour leurs enfants. Or, il est bien indiqué que la «Zone clientèle avertie» est suggérée 13 ans et plus, donc attention de ne pas vous y aventurer si vous avez de jeunes enfants ou le cœur sensible. Le nom «Zone clientèle avertie» devrait d’ailleurs être suffisant pour indiquer le niveau de peur que l’on vivra en y entrant, sinon le plan du site indique clairement que la zone est déconseillé aux jeunes enfants et que les décors peuvent être «dérangeants». La «Zone familiale», en revanche, comprend toutes les activités pour plaire à vos tout-petits. Si ce n’est pas un étrange personnage cinglé qui apprend aux enfants à apprivoiser leurs peurs, c’est une jolie fée qui montre aux petits monstres comment partager les bonbons. Pour préserver la fête de l’Halloween et la culture de l’horreur, il faut assurément permettre aux jeunes de découvrir et d’apprivoiser les légendes d’automne, mais aussi laisser les vieux continuer de se raconter des peurs!

Gentille sorcière de la Zone familiale
Photo prise au Village hanté lors de la soirée des médias le 7 oct. 2017
Crédits: Étienne Gagné/Photorizon

Un personnage de la Zone avertie et moi-même.
Photo prise au Village hanté lors de la soirée des médias le 7 oct. 2017
Crédits: Étienne Gagné/Photorizon
Finalement, malgré la forte déception causée par le retrait de certains décors, mon compagnon photographe et moi sommes repartis du Village hanté le cœur battant, le front suintant et l’esprit totalement hanté par les légendes d’Halloween. Bien sûr, cette visite est une sortie d’automne idéale pour toute la famille, mais pour les fans de l’horreur, il s’agit d’une expérience quasi extatique où l’on peut enfin entrer dans les univers ténébreux, cauchemardesques et ensanglantés qui nous habitent depuis nos lectures de Stephen King et Bram Stocker ou encore nos visionnements des classiques comme Halloween, Friday The 13th ou Evil Dead. Pour les fans d’horreur à l’extrême, restez assurés : il y a encore quelques scènes qui rappellent le fameux lawn mower scene dans Brain Dead.

Photo prise au Village hanté lors de la soirée des médias le 7 oct. 2017
Crédits: Étienne Gagné/Photorizon
Sur cette image appétissante, je vous rappelle que l’Artichaut magazine tiendra une fête d’Halloween qui sera aussi la soirée de dévoilement du thème de notre prochain numéro papier. N’ayez pas peur, joignez-vous à nous au Saint-Houblon le jeudi 26 octobre à 19h00, je pourrai vous parler encore plus de mon effrayante, mais merveilleuse, visite au Village hanté!
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Nous tenons à remercier l’équipe du Village Québécois d’Antan et Martin Champoux, directeur marketing, pour l’accueil chaleureux et l’expérience exceptionnelle au Village hanté.
La dixième édition du Village hanté au Village Québécois d’Antan, jusqu’au 4 novembre 2017 à Drummondville (à environ une heure de Montréal!), pour toutes les informations c’est ici.
Pour toutes les informations sur la Fête des Morts de l’Artichaut, c’est ici.