L’Action Terroriste Socialement Acceptable (ATSA) revient cette année, après 12 ans d’État d’Urgence, avec Fin novembre, un geste collectif prenant place au parc Émilie-Gamelin le 18 novembre prochain.
Depuis plusieurs années, l’ATSA mise sur des interventions artistiques dans l’espace urbain, fondées sur des enjeux environnementaux ou sociaux. « Les arts sont moteurs de changements. Ils peuvent ouvrir les consciences, révèle la co-fondatrice de l’ATSA, Annie Roy. L’ATSA, c’est faire de l’art à un niveau citoyen. Le propre de l’art, c’est le cri intime d’une personne humaine que l’on arrive à faire ressortir d’un objet esthétique et qui résonne dans le cœur des autres ». Pendant 12 ans, Annie Roy et Pierre Allard, fondateurs de l’ATSA, ont résonné dans le cœur des 30 000 sans-abri de la Ville de Montréal avec leur État d’Urgence. Une sorte de village urbain offrant plusieurs services aux laissés-pour-compte de la métropole. Victime de sa popularité, l’État d’Urgence fait place à Fin novembre. « Au fil des années, c’est devenu très gros, de plus en plus gros, confie la co-fondatrice de l’organisme, Annie Roy. Les fonds n’ont pas suivis. On a donc décidé d’aller vers d’autres créations ».
Du 18 au 27 novembre, le parc Émilie-Gamelin sera le point de rencontre de Fin novembre. L’ATSA met de côté l’aspect village urbain de l’État d’Urgence et mise moins sur les services. « Fin novembre c’est un lieu de rencontre, un lieu magique, engagé et solidaire », décrit l’organisatrice de l’événement. Le but de Fin novembre est de « faire revivre la chaleur humaine qui est dans l’État d’Urgence ». La facette artistique du projet perdure à travers le tournage sur place de la seconde partie de l’installation vidéo Quand en aurez-vous assez?. Les personnes présentes le 18 novembre prochain deviendront les vedettes de cette capsule. Une fois le tournage terminé, l’installation vidéo sera projetée tous les soirs. Les images visent à dénoncer l’écart grandissant entre les riches et les pauvres. « Il faut mettre son poing à terre, la démocratie ce n’est pas ça, c’est le peuple et il va falloir qu’il se réveille », déplore Annie Roy. La soirée se terminera avec un spectacle en plein air avec Paul Cargnello, Ivy, Wlove, Isabelle St-Pierre, David Marin, Ève Cournoyer et quelques artistes-surprises. La soirée sera animée par François Gourd. Chaque soir à 19 heures, il y aura des prises de parole, de la musique et de la poésie.
Les indignés
Fin novembre est de tout cœur avec les indignés d’Occupons Montréal. Annie Roy voit l’événement comme un autre moyen de démontrer la colère des individus envers le système, tout en étant à la fois un gage d’espoir. « Tout le monde ne peut pas camper, ça prend du monde, comme nous, qui faisons autre chose, pour leur dire qu’ils ne sont pas seuls. On offre ce moment collectif afin de poser un geste fort. On a envie de vivre collectivement cette indignation ». Selon l’organisatrice, le changement va continuer à s’opérer s’il y a une multiplication d’événements. « Il faut catalyser cette énergie et la faire durer pour qu’elle ne s’épuise pas. Il faut cultiver cette indignation, sans quoi elle peut mourir dans l’œuf ». L’ampleur de la grogne populaire se voit à travers les diverses tranches d’âges de la société, un point marquant qui marque l’aspect intergénérationnel de ce mouvement.
Annie croit que l’on peut s’indigner collectivement de plusieurs manières. « On peut s’indigner dans ce qu’on achète, privilégier la qualité à la quantité. Les ressources ne sont pas illimitées ». Les petits gestes permettent à chaque individu de faire partie de la solution. « On peut le voir d’une manière égoïste pour la survie de l’humanité, par générosité, par élan, par idéalisme ou par pragmatisme ».
Pour mettre la table à « notre » indignation, la première partie du montage vidéo roulera sur l’Internet avant la projection de la deuxième partie. Annie Roy invite les citoyens le 18 novembre prochain, dans l’espoir d’atteindre par son art, un maximum de conscience. « On veut prouver qu’un autre monde est possible et qu’on a toujours le choix ».
Fin novembre, à la place Émilie-Gamelin : du 18 au 27 novembre prochain. La soirée d’ouverture débute à 19 heures.
Article par Fanny Samson.