Nous sommes assis dans le noir. Une voix robotique nous parle, nous demande de nous concentrer sur notre respiration, sur les sensations de notre corps. L’exercice est relaxant.
«Ouvrez les yeux.»

Crédit photographique: Chloé Poirier-Sauvé
Des projecteurs s’allument et attaquent nos rétines, nous aveuglant momentanément. Sur la scène dénudée de décor, des douches de lumière éclairent sept individus couchés sur le sol, tous vêtus de gris. Ils se réveillent lentement, agitant peu à peu leurs membres en suivant les indications de la voix artificielle.
«Prenez conscience de votre tête, de vos bras, de vos doigts. Bougez vos hanches, vos genoux, vos orteils.»
L’intelligence artificielle guide les humains dans leur reprise de conscience, jusqu’à ce qu’ils parviennent à se tenir debout pour finalement réussir à prononcer quelques syllabes, puis quelques mots.
Dans un monde cérébral qui se déroule en l’espace de quelques nanosecondes, l’humain, prisonnier de la mort, explore les souvenirs de son existence. Sa conception du temps est confrontée au concept de l’infini. Comment concevoir l’éternité? À quel point notre existence est-elle insignifiante lorsqu’on constate son éphémérité?
Depuis la nuit des temps, l’homme fantasme d’une vie éternelle. Dans La singularité est proche, Jean-Philippe Baril-Guérard explore la possibilité d’une immortalité pour l’homme grâce à la machine qui apprend à imiter le comportement humain pour remplacer l’esprit et prendre possession du corps. L’homme, croyant retourner vers la vie, restera mort pour laisser place à sa copie artificielle qui prendra le relais de sa vie. Ses proches ne s’apercevront de rien, mais son esprit, pour l’éternité, demeura dans un non-lieu cérébral.
La singularité est proche était présenté dans le cadre du OFFTA le 31 mai 2016. Une autre représentation est prévue le 1er juin 2016.
Article par Lorie Ganley.