Oma-je, c’est un hommage à Oma, à nos grand-mères et au « je ». L’artiste française Laure Prouvost met de l’avant les femmes de sa vie au travers les quatre étages de la fondation PHI. L’exposition, tout droit venue du Remai Modern à Saskatoon, Saskatchewan, après sa grande première nord-américaine, est installée depuis le 1er novembre jusqu’au 9 mars 2025.
Laure Prouvost nous invite à prendre le thé dans la première salle, où sont installées quelques tables, chaises et lampes qui diffusent une ambiance chaleureuse digne d’un chez-soi. Une station de thé avec de petites tasses en porcelaine sont à la disposition de tous·tes. Pendant que les gens se servent, s’assoient et regardent l’installation, une projection nous raconte sensiblement la vie de la Oma, le personnage principal de l’exposition, et la dynamique familiale. Alors que cette vidéo nous montre des pièces de poterie faites à la main par la grand-mère, on saisit rapidement le fil narrateur de l’histoire, et par extension de bien d’autres de la même époque, où la femme ne peut accomplir ses désirs en raison de ses responsabilités matriarcales.
Cette première salle donne directement sur la seconde, par laquelle on entre depuis une petite ouverture pratiquée au bas du mur. Laporte s’ouvre sur une salle recouverte de tapis rose où l’on peut s’asseoir et regarder ce qui semble être le rêve de Grand-mère sur la télé, fixée au mur. « Il y aurait des avions-pots-de-thé qui serviraient du thé à tout le monde », rêvasse la voix narrative.
Alors que l’on monte les escaliers de la Fondation Phi pour se rendre aux différents étages, le spectateur voyage dans le temps en voyant Grand-mère vivre, rêver et s’épanouir. Le tout se fait par le biais de vidéos expérimentales. « J’aime beaucoup créer des images fantastiques avec le réel, si possible », explique Laure Prouvost à propos de Every Sunday, Grand Ma, une projection dans laquelle on voit Grand-mère nue, en plein vol, avec des branches en guise d’ailes. Sans utiliser d’écran vert, Mme Prouvost et sa petite équipe de production ont simplement utilisé une grue, à laquelle l’actrice de Grand-mère est attachée, et un peu de post-production.
Ces installations se veulent immersives. L’une est accentuée de fumée s’échappant en bas de l’écran de visionnement, alors que pour une autre il faut traverser des rideaux rouges et lourds représentant le passage dans l’utérus d’un·e nouveau-né·e, et ainsi avoir accès à la projection.
« Tout est collaboratif, on vit en collaboration avec notre planète aussi. Des fois on ne l’écoute pas trop, mais comment vivre de plus en plus en collaboration, ça m’intéresse », raconte Mme Prouvost de You, My, Omma, Mama. Cette dernière salle de l’exposition nous ramène dans le moment présent. Des objets flottent autour de nous et un semblant de plage se trouve à nos pieds. Sur un grand écran, neuf femmes se sont rencontrées dans une grotte à Marseille afin de parler de leurs grand-mères, de la femme, de leurs souvenirs et leurs expériences.
« Trouvez une grotte, invitez vos amies […] Don’t overthink it » nous a confié Laure, lorsqu’on lui a demandé comment se retrouver dans cette dernière situation. « Parfois, j’aime l’idée de faire une œuvre assez rapide ok on va se balader et on va faire quelque chose ».