Soirée d’ouverture du FNC – Un ours et deux amants

Le Festival du nouveau cinéma entame sa 45e édition. L’honneur de la première danse revient au cinéaste Kim Nguyen qui,…
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Le Festival du nouveau cinéma entame sa 45e édition. L’honneur de la première danse revient au cinéaste Kim Nguyen qui, avec Un ours et deux amants, marque un double retour. D’abord au Canada, puisque sa dernière fiction, Rebelle, l’a mené de l’Afrique subsaharienne à l’Hollywood mondain. Ensuite, il s’agit d’un retour au FNC même, le festival ayant présenté son tout premier film, Le marais, en 2002.

La soirée marque également un jalon important dans la carrière du producteur Roger Frappier, figure majeure du cinéma québécois œuvrant au sein de l’industrie depuis maintenant 45 ans. Un ours et deux amants est son 70e film. C’est le cas de le dire, il y a du bien beau monde dans la galerie.

De gauche à droite : Claude Chamberlan (fondateur et directeur de la programmation du FNC), Kim Nguyen, Roger Frappier et Nicolas Girard Deltruc (Directeur Général du FNC). Crédit photo : Alexandre Tédal.
De gauche à droite : Claude Chamberlan (fondateur et directeur de la programmation du FNC), Kim Nguyen, Roger Frappier et Nicolas Girard Deltruc (Directeur Général du FNC). Crédit photo : Alexandre Tédal.

À l’ambiance feutrée du tapis rouge se succède le tapis blanc de l’Arctique froid et austère d’Un ours et deux amants. Photographiés par Nicolas Bolduc, collaborateur régulier de Kim Nguyen, les paysages à la fois envoûtants et terrifiants relayent le pas aux scènes plus intimes et aux moments plus nerveux. Le film respire au rythme de ces alternances entre les extérieurs immenses et les intérieurs secrets, entre le froid et la chaleur, la survie et la vie. Dans les deux cas, le chemin est truffé de dangers.

Dans un petit village du Grand Nord canadien se déroule le destin tragique de deux amants : Lucy et Roman (Tatiana Maslany et Dane DeHaan). Les amoureux décident de quitter leur communauté et de partir vers le sud. Seulement, ils n’ont plus d’argent. Ils ont des motoneiges et des bidons d’essence. Ainsi, à cheval sur leur automobile des neiges, ils partent à l’aventure et tenteront une audacieuse traversée des régions de glace dans le but très incertain d’atteindre le sud. Il y a un ours, aussi.

Un ours et deux amants, Kim Nguyen.
Un ours et deux amants, Kim Nguyen.

Le sud sert surtout de prétexte à entreprendre une quête extérieure qui s’avère un peu floue. On parle du sud comme d’un paradis à atteindre, un endroit où il fait chaud, où il fait bon vivre et où le passé ne hantera plus les héros. C’est un leurre, car on le sait bien, on a beau changer mille fois de place, on a beau déménager à l’autre bout de la planète ou en découvrir d’autres, ce n’est pas en faisant le tour de l’univers qu’on échappe à son passé.

Durant ce long périple, la quête intérieure finit par s’extérioriser à tel point que sa force pallie l’immatérialité de la quête extérieure. Et c’est la quête intérieure qui prend le dessus, l’autre étant reléguée au second plan. C’est pourquoi la fin semble douce. Le dénouement intervient en silence. On ne sent pas tout de suite la progression dramatique. Ce n’est qu’après coup qu’on réalise ce qui s’est passé. La fin est antispectaculaire. Il n’y a pas d’autres mots, puisque les antonymes de « spectaculaire » sont « banal, inintéressant, ordinaire, sans intérêt. » Mais c’est faux, car, si la fin est antispectaculaire, c’est qu’elle fonctionne sur un autre niveau. Elle s’immisce dans la tête du spectateur et descend jusque dans son ventre.

Puis, le générique commence à défiler. L’écran s’éteint. Les applaudissements pleuvent. Kim Nguyen doit rester debout en plein milieu des rangées pendant de longues minutes. Le Théâtre Maisonneuve est plein à craquer. Il y a de l’émotion dans l’air. Le festival commence!

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Le Festival du nouveau cinéma se poursuit jusqu’au 16 octobre. Retrouvez toute la programmation ici. Les premières critiques de notre couverture du Festival seront disponibles sous peu.

Article par Francis Lamarre.

Artichaut magazine

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