À la suite de la sortie de son tout nouvel album, Sleeping Operators, le 6 octobre dernier, le groupe indie-folk d’origine montréalaise The Barr Brothers a amorcé sa tournée aux États-Unis il y a quelques semaines. Après s’être envolé pour une série de concerts en Europe à la fin du mois d’octobre, le quatuor était finalement de passage au Québec pour trois représentations, du 6 au 8 novembre, à Montréal, Sherbrooke et Québec.
The Barr Brothers, c’est tout d’abord les frères Barr, Andrew et Brad (originellement membres du groupe The Slip), ainsi que la harpiste Sarah Page et le claviériste/bassiste Andres Vial. Les frères, qui vivaient aux États-Unis, ont décidé en 2004 de se réinstaller à Montréal et ont fait ainsi la rencontre de leur nouvelle voisine, Page, qui s’avérait être elle aussi musicienne. Vial a joint le band peu après et le groupe The Barr Brothers a ainsi été formé. Après la sortie en 2011 de leur premier album, auto-intitulé, le quatuor a été invité au festival Osheaga: s’en est ensuivi une tournée nord-américaine qui dura le temps d’un automne. Depuis, la popularité de ce groupe à la sonorité unique ne fait que monter et c’est maintenant pour la promotion de leur second opus qu’ils se retrouvent sur la route, parcourant présentement leur Canada natal.
Le 6 novembre dernier, c’est donc dans la ville qui l’a vu naître que le groupe a performé. C’était une soirée d’automne typique: un peu pluvieuse avec un vent qui te force à zipper ton manteau jusqu’au bord des yeux…
Le Métropolis était plein à craquer. Vers 20h45, le groupe en première partie, Bahamas, a quitté la scène après une performance passionnée qui n’a cependant pas semblée pouvoir retenir l’attention du public. Après une attente fébrile d’une quinzaine de minutes, non seulement les quatre membres du groupe, mais aussi cinq autres musiciens, sont montés sur scène. Trois cuivres, un deuxième guitariste et un contrebassiste. D’emblée, le band annonçait ses couleurs et montrait qu’il en avait dans son sac pour nous surprendre par son originalité.
Lorsque la mélodie de la chanson Static Orphans a débuté, bien qu’il ait été facile de prévoir qu’ils commenceraient par cette composition qui est aussi l’introduction de leur album, les premiers accords de la harpe qui domine l’atmosphère sonore ont captivé l’attention de la foule. L’écran géant derrière les artistes s’est animé au rythme de la musique. Une mise en appétit instrumentale de quelques minutes qui nous a préparé à ce qui nous attendait pour la prochaine heure et demie. Brad Barr, comme les amateurs du groupe le savent sûrement, aime jouer de sa guitare en utilisant un fil qu’il enroule autour des cordes et dont il se sert pour frotter celles-ci de la même façon qu’un violoniste utilise son archet pour jouer de son instrument. Un des éléments participant à l’originalité de ce groupe est la façon dont ils redéfinissent leurs instruments, créant des harmonies inattendues mais toujours positivement surprenantes.
L’introduction s’est terminée pour laisser débuter les premières notes de Love Ain’t Enough. Les couples se sont collés. Sans s’être encore adressé à la foule, le groupe a enchaîné directement sur Wolves, une autre chanson extraite de leur nouvel album. «I know you want to give it up / But who you gonna give it to? / When you love that’s incomplete / It’s twice as bitter and half as sweet». La foule connaissait les paroles et le groupe a transmis une énergie captivante dans la salle.
Le band a poursuivi avec une série de leurs récents succès, presque tous tirés du dernier album. Les chansons se sont enchaînées, essentiellement des balades, puisque leur registre en est principalement composé, mais à une ou deux reprise, le groupe a interprété des chansons plus rythmées, aux intonations plus rock; c’est à ces moments que le public s’est montré le plus enjoué. Quelques problèmes techniques, malheureusement, ont généré un feedback dans le micro du chanteur (qui bien sûr a continué sa prestation). Des difficultés au niveau de l’éclairage ont également nui quelque peu à la performance musicale – but the show must go on. Moment de silence complet lorsque presque tous les musiciens ont quitté la scène, le temps que les frères Barr, accompagnés d’une choriste et de Sarah Page à la harpe et aux harmonies, interprètent acoustiquement la ballade How the Heroine Dies, créant une atmosphère paisible, leurs voix s’accordant parfaitement les unes avec les autres. D’ailleurs, malgré sa voix légèrement enrouée (il mentionnera à la fin du spectacle: «I lost my voice. I don’t know if you guys noticed, but you didn’t seem to care. That makes me love you even more.»), Brad Barr n’a cessé d’impressionner le public grâce à son talent brut qui, marié à celui des autres musiciens du groupe, a su créer un spectacle qui leur ont valu un rappel et une longue ovation à la fin du spectacle, après une reprise frénétique de Like a Rolling Stone de Bob Dylan.
Bien que presque rien ne soit à leur reprocher, le manque d’interaction entre les musiciens et le public a semblé créer une sorte de blasement chez certaines personnes du public: au fur et à mesure que le concert avançait, la foule semblait de plus en plus distraite. Le succès du groupe est mérité: un artiste de talent prouve généralement l’ampleur de son habilité lorsqu’il performe live. C’est tout de même charmée par cette rencontre avec les Barr Brothers que la foule a quitté le Métropolis, après une performance de plus d’une heure et demie, pour braver le froid de l’automne montréalais.
Le nouvel album des Barr Brothers, Sleeping Operators, est disponible sur iTunes.
Article par Marissa Groguhe.